Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 2.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trouvé l’occasion de faire visite aux éducatrices de son enfance ; chaque jour il se proposait d’aller les voir et les circonstances lui faisaient continuellement oublier sa résolution… Mais maintenant il se promettait bien de se rendre, coûte que coûte, dans le gouvernement de ***… « Ainsi vous connaissez Natalie Nikitichna ? Quelle belle, quelle sainte âme ! D’ailleurs, Marfa Nikitichna en est une aussi… pardonnez-moi, mais je crois que vous vous trompez sur le compte de Marfa Nikitichna ! Elle était sévère, mais… voyons, était-il possible de ne pas perdre patience avec un idiot, tel que je l’étais alors ? (Hi, hi !) Car j’étais alors complètement idiot, vous ne le croirez pas (ha, ha !). Du reste… du reste vous m’avez vu dans ce temps-là et… Comment donc se fait-il que je ne me souvienne pas de vous ? dites-le moi, je vous prie… Ainsi vous… ah, mon Dieu, est-il possible qu’en effet vous soyez parent de Nicolas Andréitch Pavlichtcheff ? »

Ivan Pétrovitch sourit.

— Je vous l’assure, répondit-il en examinant le prince.

— Oh, si j’ai parlé ainsi, ce n’est pas que je… doute… et, enfin, est-ce qu’on peut douter de cela (hé, hé !)… en douter le moins du monde ? Non, certainement ! (Hé, hé !) Mais j’ai dit cela parce que feu Nicolas Andréitch Pavlichtcheff était un si excellent homme ! Un homme très-magnanime, vraiment, je vous l’assure !

Le prince était en quelque sorte « suffoqué par l’émotion de son noble cœur », comme dit le lendemain matin Adélaïde en causant de cela avec son fiancé le prince Chtch….

— Ah, mon Dieu ! observa en riant Ivan Pétrovitch : — pourquoi donc ne puis-je pas être le parent même d’un homme magnanime ?

Confus, le prince reprit précipitamment et avec une animation croissante :

— Ah, mon Dieu ! J’ai… j’ai encore dit une bêtise, mais….. il devait en être ainsi, parce que je… je… du reste, j’ai encore dit autre chose que ce que je voulais dire !… Mais,