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Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 2.djvu/360

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aimait comme une femme, comme un être humain, et non comme… un pur esprit. Savez-vous une chose, mon pauvre prince ? selon toute apparence, vous n’avez jamais aimé ni l’une ni l’autre !

— Je ne sais pas… peut-être, peut-être ; vous avez raison sur beaucoup de points, Eugène Pavlovitch. Vous êtes extraordinairement intelligent, Eugène Pavlovitch ; ah ! la tête commence encore à me faire mal, allons chez elle ! Pour l’amour de Dieu, pour l’amour de Dieu !

— Mais je vous dis qu’elle n’est plus à Pavlovsk, elle est à Kolmino.

— Allons à Kolmino, partons tout de suite !

— C’est impossible ! répondit d’une voix traînante Eugène Pavlovitch, et il se leva.

— Écoutez, je vais écrire une lettre, vous la porterez !

— Non, prince, non ! Dispensez-moi de pareilles commissions, je ne puis pas m’en charger !

Ils se quittèrent. Cette visite laissa des impressions étranges dans l’esprit d’Eugène Pavlovitch : suivant lui, le prince avait le cerveau légèrement détraqué. « Et qu’est-ce que signifie ce visage qu’il craint et dont il est si épris ? Et en même temps il se peut fort bien qu’il meure d’avoir perdu Aglaé, en sorte que peut-être Aglaé ne saura jamais à quel point il l’aime ! Ha ! ha ! Et comment aimer deux femmes ? De deux amours différents ? C’est curieux… pauvre idiot ! Et que va-t-il devenir maintenant ? »

X

Cependant le prince ne mourut pas avant son mariage, ni éveillé, ni « en dormant », comme il l’avait prédit à Eugène Pavlovitch. À la vérité, peut-être dormait-il mal et faisait-il de mauvais rêves ; mais, pendant le jour, avec les gens, il