tement ; Parfène Séménitch était pâle comme de coutume ; ses yeux, fixés sur le prince, brillaient d’un éclat immobile.
— Si tu allumais une bougie, fit Muichkine.
— Non, il ne faut pas en allumer, répondit Rogojine, et, saisissant son ami par le bras, il l’obligea à s’asseoir ; puis il prit une chaise et s’assit lui-même vis-à-vis du prince ; ils étaient si près l’un de l’autre que leurs genoux se touchaient presque. Entre eux, un peu de côté, il y avait une petite table ronde. — Assieds-toi, reposons-nous un moment !
Il y eut une minute de silence, ensuite Rogojine reprit la parole, mais, au lieu d’en venir immédiatement au fait, il s’attarda à des détails oiseux :
— Je savais bien que tu descendrais à cet hôtel ; quand je suis entré dans le corridor, je me suis dit : « Il est peut-être là maintenant à m’attendre, comme moi je l’attends ? » Tu as été chez l’outchitelcha ?
— Oui, eut à peine la force de prononcer le prince, dont le cœur battait violemment.
— Je m’en doutais. « On causera encore », me suis-je dit… et puis j’ai pensé : « Je l’emmènerai loger ici, pour que cette nuit ensemble… »
— Rogojine ! où est Nastasia Philippovna ? murmura tout à coup le prince, et il se leva, tremblant de tous ses membres.
Rogojine se leva aussi.
— Elle est là, chuchota-t-il en montrant d’un signe de tête le rideau.
— Elle dort ? demanda Muichkine à voix basse.
De nouveau Rogojine le regarda fixement, comme tantôt.
— Est-ce que nous entrons ?… Seulement tu… eh bien, allons-y !
Il souleva la portière, s’arrêta et se retourna vers le prince.
— Entre ! dit-il en l’invitant du geste à pénétrer dans l’alcôve.
Le prince obéit.
— Il fait sombre ici, observa-t-il.
— On y voit ! murmura Rogojine.