Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/64

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mais, pour les souhaits, il bafouilla. Il sentit que s’il s’arrêtait, tout serait fichu. Il en fut ainsi. Il s’arrêta et rougit. Il rougit et perdit la tête. Il perdit la tête et leva les yeux. Il leva les yeux et regarda autour de lui. Il regarda autour de lui et resta étonné… Tout le monde s’était levé, tout le monde se taisait, tout le monde attendait. Les plus éloignés commençaient à chuchoter, les plus rapprochés éclataient de rire. M. Goliadkine jeta un regard soumis et affolé vers André Philippovitch. André Philippovitch lui répondit par un tel regard que, si M. Goliadkine n’eût été déjà aussi mort que possible, il fût mort une seconde fois. Le silence pesait.

— C’est une affaire privée, André Philippovitch. dit d’une voix à peine perceptible M. Goliadkine à demi mort, c’est en dehors de ma vie officielle, André Philippovitch.

— Vous devriez avoir honte, monsieur, avoir honte, répondit André Philippovitch avec indignation ; puis il prit par la main Clara Olsoufievna et s’éloigna de M. Goliadkine.

— Je n’ai pas à avoir honte, André Philippovitch, murmure M. Goliadkine, qui, de son regard navré, cherche autour de lui dans l’assistance stupéfaite un visage ami, une relation de son milieu.

— Eh bien, ce n’est rien, ce n’est rien, messieurs, eh bien, qu’y a-t-il, cela peut arriver à