qu’on mette le mien et mes oreillers. Tout ça est trop riche, qu’en ferais-je ? Je m’ennuierais, seule là dedans. Alexis Ivanovitch, tu viendras chez moi souvent, quand tu auras fini de donner ta leçon aux enfants.
— Mais, répondis-je, depuis hier je ne suis plus au service du général. Je vis ici à mon compte.
— Pourquoi donc ?
— Voici. Il y a quelques jours sont arrivés de Berlin un illustre baron et sa femme. Hier, à la promenade, je leur ai dit quelques paroles en allemand, mais sans arriver à reproduire exactement la prononciation de Berlin.
— Et alors ?
— Le baron a pris cela pour une injure et s’est plaint au général, qui m’a donné congé.
— Mais quoi ? Tu l’as donc réellement injurié ? Et puis, quand tu l’aurais injurié !
— Non ; c’est, au contraire, le baron qui m’a menacé de sa canne.
— Mais es-tu donc si lâche, toi, que tu permettes de traiter ainsi ton outchitel, dit-elle violemment au général. Et tu l’as chassé ! Imbécile ! Vous êtes tous des imbéciles, tous !
— Ne vous inquiétez pas, ma tante, répondit le général, non sans hauteur. Je sais me conduire. D’ailleurs, Alexis Ivanovitch ne vous a pas raconté la chose très exactement.
— Et toi, tu as supporté cela ! continua-t-elle en revenant à moi.
— Moi ? Je voulais demander au baron une réparation d’honneur, répondis-je avec tranquillité. Le général s’y est opposé.
— Et pourquoi t’y es-tu opposé ?
— Mais, excusez, ma tante, les duels ne sont pas permis, dit le général en souriant.
— Comment, pas permis ? Et le moyen d’empêcher les hommes de se battre ! Vous êtes des sots. Vous ne