— Et dans la bourse ?
— Il n’y a que de la menue monnaie.
— Y a-t-il ici des changeurs ? On m’a dit qu’on peut escompter ici toute espèce de papiers.
— Oh ! tant que vous voudrez ! Mais vous perdrez à l’escompte des sommes énormes.
— Bêtises ! Je regagnerai tout ce que j’ai perdu. Roule-moi vers eux !… Qu’on appelle ces imbéciles !
Les porteurs vinrent.
— Vite ! commanda-t-elle. Montre la route, Alexis Ivanovitch. Est-ce loin ?
— À deux pas, babouschka.
À un coude d’une allée nous rencontrâmes tous les nôtres, le général, de Grillet et Mlle Blanche avec sa mère. Paulina Alexandrovna et M. Astley seuls manquaient.
— Allons ! ne t’arrête pas, criait la babouschka. Que veulent-ils ? Je n’ai pas le temps de m’occuper d’eux.
Je la suivais derrière son fauteuil. De Grillet courut à moi.
— Elle a perdu tout son gain et douze mille florins en plus. Nous « roulons » maintenant pour aller changer les obligations, lui dis-je à voix basse.
De Grillet frappa du pied avec rage et se précipita vers le général. Nous continuâmes notre route.
— Arrêtez ! arrêtez ! me criait le général, hors de lui.
— Essayez donc ! lui répondis-je.
— Ma tante, dit le général, ma tante !… Tout à l’heure… — sa voix tremblait, — nous allons louer des chevaux pour faire une promenade hors de la ville… Une vue splendide… Le Schlagenberg… Nous venions vous chercher.
— Que le diable t’emporte avec ton Schlagenberg ! dit la babouschka avec fureur.
— C’est la campagne tout à fait ; nous y boirons du thé, ajouta encore le général, absolument désespéré.
— Nous y boirons du lait sur l’herbe fraîche, renchérit