Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/125

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Tout le monde assurait que Maria Alexandrovna avait déjà fiancé sa fille, sa Zina de vingt-trois ans et sans un sou de dot, au prince ; que Mozgliakov avait été évincé et que tout était déjà décidé et signé.

Quelle était la cause de ces bruits ? Connaissait-on donc si bien Maria Alexandrovna qu’on eût pu pénétrer, avec un ensemble si parfait, au plus profond de ses pensées ? Ni l’invraisemblance d’un pareil bruit, car un projet de ce genre ne s’exécute pas en une heure, ni le manque évident de tout fondement, car personne ne savait d’où venait cette nouvelle, ne purent dissuader les Mordassoviens. Le plus étonnant, c’est que ce bruit avait commencé à se répandre juste au moment où Maria Alexandrovna entamait sa conversation avec Zina sur ce sujet. Tel est le flair des provinciaux ! L’instinct des nouvellistes de petite ville atteint parfois le merveilleux. Et cependant il a son explication. Il est basé sur l’étude la plus intime et la plus persévérante du pro-