Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/126

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chain. Tout provincial vit comme sous une cloche de verre. Il lui est absolument impossible de cacher quoi que ce soit à ses honorables concitoyens. On sait de lui-même ce qu’il ignore lui-même. Le provincial, par sa nature, devrait être un psychologue très profond. C’est pourquoi je m’étonnais parfois très sincèrement de rencontrer en province si peu de psychologues et tant d’imbéciles. Mais laissons cela de côté.

La nouvelle éclata comme la foudre. Le mariage avec le prince semblait à tout le monde si avantageux, si brillant, que le côté étrange de cette affaire ne frappa personne. Il y avait encore une circonstance : Zina était haïe au moins autant que Maria Alexandrovna ; pourquoi ? on ne le savait. Peut-être la beauté de Zina y était-elle pour quelque chose ; peut-être aussi Maria Alexandrovna, quelle qu’elle fût, était-elle plus que sa fille de la même pâte que les autres Mordassoviennes. Si elle eût quitté la ville, qui sait ! on l’eût regrettée peut--