Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être. Elle donnait de l’animation à la société par des incidents variés. Sans elle on se fût ennuyé. Par contre, Zina semblait, par son attitude, habiter les nuages et non pas Mordassov. Elle n’était pas de la même race et peut-être, sans s’en douter, avait-elle des manières trop hautaines. Et voilà que cette même Zina, sur laquelle circulaient tant d’histoires scandaleuses, cette orgueilleuse, devenait millionnaire, princesse, entrait dans l’aristocratie. Dans un an ou deux peut-être elle sera veuve et épousera quelque duc, un général, qui sait ? un gouverneur (et justement le gouverneur de Mordassov est veuf et amateur de la beauté). Elle sera alors la première dame de la province, et cette seule pensée était déjà insupportable, et jamais une autre nouvelle n’eût provoqué une telle indignation à Mordassov.

Des cris de rage s’élevaient de tous côtés. On disait que c’était indigne ; que le vieux n’avait pas sa tête ; qu’on l’avait