d’une voix grave et mesurée, mais un peu tremblante, c’est uniquement par pitié. Vous me suppliiez d’attendre, de ne pas vous dire non. « Connaissez-moi davantage, m’avez-vous dit un jour, et quand vous serez convaincue que je suis un homme de caractère noble, peut-être ne me refuserez-vous pas. » Ce furent vos propres paroles, au début de nos relations, vous ne pouvez les renier. Et maintenant vous osez dire que je vous tiens en réserve ! N’avez-vous donc pas compris, ce matin, avec quel ennui je vous voyais revenir quinze jours trop tôt ? Je ne vous ai pourtant pas caché cet ennui, et vous l’avez remarqué vous-même puisque vous m’avez demandé si ce retour prématuré ne me fâchait pas. Appelez-vous ménager un homme ne pas pouvoir lui cacher l’ennui qu’on a de le voir ? Ah ! je vous tenais en réserve ! Non, je m’étais dit à votre sujet : S’il n’est pas très intelligent, il est bon… mais je sais maintenant — à temps par bonheur — que vous êtes aussi méchant
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