Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/170

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pour le prince… en sœur de charité ? dit l’ironique Mozgliakov.

— Je comprends votre question, Pavel Alexandrovitch, elle est très claire. Vous pensez que je fais une confusion jésuitique des intérêts du prince et des miens. Eh bien, peut-être ce calcul m’est-il venu à l’esprit, mais inconsciemment, sans aucun jésuitisme. Ma franchise vous étonne ? Je ne vous demande qu’une grâce, Pavel Alexandrovitch ; ne mêlez pas Zina à toute cette affaire ! Elle est pure comme une colombe. Elle ne calcule pas ; elle ne sait qu’aimer, la chère enfant ! Si quelqu’un a calculé, c’est moi, moi seule ! Mais interrogez sincèrement votre conscience et dites-moi qui n’aurait calculé à ma place. Nous calculons nos intérêts même dans nos actions les plus généreuses, sans nous en douter, instinctivement. Car ils se trompent, ceux qui assurent qu’ils agissent par pure noblesse d’âme. Moi, je ne veux pas me tromper. J’avoue que j’ai calculé. Mais, je vous en