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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/233

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— Ne vous inquiétez pas de moi, Maria Alexandrovna, je sais tout, tout ! crie de sa voie aiguë Sofia Pétrovna entourée de toutes les visiteuses que ce scandale imprévu comble de joie. J’ai tout appris, et c’est votre Nastassia qui m’a tout dit, tout ! Vous avez soûlé le petit prince et vous l’avez forcé de demander en mariage votre fille dont personne ne veut plus ! Et vous vous preniez déjà pour un oiseau de haut parage, une duchesse à falbalas. Pouah ! N’ayez pas peur, je vaux toutes les duchesses, je suis une colonelle ! Ah ! vous ne m’avez pas invitée aux fiançailles ! je crache dessus ! J’ai vu des gens plus huppés que vous : j’ai dîné chez la comtesse Zalikhvatskaïa ; le commissaire principal Kouropchkine m’a demandée en mariage. Je me moque un peu de votre soirée ! Pouah !

— Écoutez, Sofia Pétrovna, répond Maria Alexandrovna hors d’elle, je vous apprends qu’on n’entre pas ainsi dans une maison honorable ; et encore… l’état où