Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/243

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— Un dé-délicieux rêve… répète le prince avec un doux sourire ; mais ce rêve est un grand secret.

— Comment, prince ! on ne peut même pas le raconter ? remarque Anna Nikolaïevna.

— Un grand secret ! répète le prince.

La curiosité redouble.

— Mais ce doit être très, très intéressant ! s’exclame-t-on de toutes parts.

— Je parie que le prince, dans son rêve, était à genoux devant quelque belle et lui faisait une déclaration d’amour ! s’écrie Felissata Mikhaïlovna. Allons ! avouez, prince ! Avouez donc, mon cher petit prince !

— Avouez, prince, avouez ! crie-t-on de tous côtés.

Le prince écoute avec délices tous ces cris. Cette supposition le flatte, il s’en lèche les lèvres.

— Quoique ce soit un grand secret, je suis forcé d’a-avouer que mada-dame, à ma grande surprise, l’a presque complètement deviné.