l’affaire était bien compromise et que ses ennemis avaient pris les devants. Enfin elle comprend tout et veut d’un seul coup en finir avec cette hydre à cent têtes. Elle se lève majestueusement, s’approche de la table d’un pas ferme et regarde fièrement les pygmées autour d’elle. Le feu de l’inspiration luit dans ses yeux. Elle va anéantir toutes ces commères fiéleuses, écraser comme un cafard le misérable Mozgliakov et d’un coup décisif reconquérir son influence perdue sur le prince idiot. Certes, il faut pour cela une hardiesse extraordinaire, mais Maria Alexandrovna ne manque pas de hardiesse.
— Mesdames, commence-t-elle d’un air solennel (Maria Alexandrovna a la passion de la solennité), mesdames, j’ai longtemps écouté vos bons mots, et je trouve qu’il est temps que je vous en dise un à mon tour. Vous savez que nous sommes réunies ici tout à fait par hasard. J’en suis bien aise… Jamais je ne me serais décidée à publier un