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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/248

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d’hui, après le diner, le prince, séduit par la beauté et… les qualités de ma fille, lui a fait l’honneur de demander sa main. Prince, conclut-elle d’une voix tremblante, cher prince, vous ne devez pas m’en vouloir pour cette indiscrétion. Une joie extrême a pu seule arracher de mon cœur, un peu prématurément, ce cher secret, et… quelle mère pourrait m’en blâmer ?…

Je ne trouve pas de paroles pour décrire l’effet produit par la sortie inattendue de Maria Alexandrovna. Tous sont raides de surprise. Les visiteuses qui pensent effrayer Maria Alexandrovna en lui laissant entendre qu’elles savent son secret, la tuer par la divulgation de ce secret, la déchirer par les seules allusions, restent stupéfaites de cette courageuse franchise. Cette vaillance était un signe de succès.

« Par conséquent, c’est de sa propre volonté que le prince épouse Zina ! On ne l’a donc point trompé, enivré ! Donc, ce n’est pas d’une manière cachée, en voleur,