Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/293

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s’éleva à la hauteur de l’esprit du siècle, redevint amoureux, refit une demande, redévora un refus et, ne pouvant le digérer, demanda à prendre part à une expédition envoyée dans un des coins les plus lointains de notre pays sans limites. Le corps expéditionnaire passa heureusement forêts et déserts, et enfin, après un long voyage, atteignit la capitale du lointain pays.

Il fut accueilli par le général gouverneur.

C’était un homme maigre et de mine sévère, un vieux militaire blessé dans plusieurs campagnes, décoré de deux crachats et d’une croix blanche. Il invita tous les tchinovniks à un bal pour le soir même. Pavel Alexandrovitch était ravi. Vêtu de son habit pétersbourgeois sur lequel il comptait pour produire un grand effet, il entra d’un air dégagé dans le grand salon. Mais il fut bientôt déconcerté par tant d’épaulettes épaisses et d’uniformes crachetés. Il