Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/27

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n’ont jamais reçu de soufflet ! » Façon polie de me rappeler que j’en ai reçu un et que je parle en connaissance de cause. Je parierais que vous le pensez ! Mais calmez-vous, Messieurs, je n’ai pas reçu de soufflet, et je vous le dis, bien que votre opinion me soit tout à fait indifférente. Je regrette seulement de n’en pas avoir distribué un plus grand nombre. Mais pas un mot de plus sur ce sujet, si intéressant qu’il vous puisse être.

Je poursuis mon discours sur les gens qui ont des nerfs solides et ne peuvent comprendre certains raffinements de volupté. Ces messieurs, qui, dans certains cas, mugissent comme des taureaux, de toute la largeur de leur gosier, malgré tout l’honneur que leur puisse valoir une telle conduite. se résignent cependant devant l’impossibilité, ainsi que je l’ai dit plus haut. L’impossibilité est une muraille de pierre. Quelles en sont les pierres ? Mais les lois de nature, les inductions des sciences naturelles, les mathématiques, sans doute ! Quand, par exemple, on t’aura prouvé que tu descends du singe, il n’y a pas à faire la petite bouche, il faut accepter les choses telles qu’elles sont. Quand on t’aura prouvé qu’en réalité, un seul atome de ta propre graisse te doit être plus précieux que cent mille de tes semblables, démonstration qui abolit définitivement et toutes les vertus et tous les devoirs et tant d’autres balivernes, d’autres superstitions, tu n’y peux rien faire que d’acquies-