Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/71

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possible quelquefois, uniquement par vanité, de s’accuser de crimes et je conçois très bien même de quel genre peut être cette vanité. Mais Heine jugeait un homme qui se confessait devant le public. Moi j’écris pour moi seul et je déclare une fois pour toutes que si j’écris comme si je m’adressais aux lecteurs, c’est seulement pour la montre, parce que j’écris ainsi plus facilement. Il n’y a là qu’une forme, une simple forme. Quant aux lecteurs, je n’en aurai jamais. J’ai déjà déclaré cela…

Je ne veux pas que quelque chose vienne me gêner dans la rédaction de mes’Mémoires’. Je ne veux établir aucun ordre, aucun système. J’écrirai ce que je me rappellerai…

Mais voilà par exemple que ce mot peut susciter la question : « Si vous ne comptez réellement pas sur des lecteurs, pourquoi donc faites-vous avec vous-même, et encore par écrit, des conditions pareilles, c’est-à-dire, qu il n’y aura ni système, ni ordre, que vous inscrirez ce que vous vous rappellerez. etc., etc. ? Pourquoi vous expliquez-vous Pourquoi vous excusez-vous ? »

Ah ! voilà, je réponds.

Il y a là toute une psychologie. Il se peut que je sois tout simplement lâche. Il se peut aussi que je me figure exprès être devant un public, afin de me conduire plus convenablement, pendant que j’écrirai. Il peut se trouver mille raisons. Mais voilà encore : pourquoi, à propos de quoi