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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov, trad. Mongault, tome 1.djvu/232

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I

Les fiançailles

Ce fut Mme Khokhlakov qui reçut de nouveau Aliocha, tout affairée ; la crise de Catherine Ivanovna s’était terminée par un évanouissement, suivi d’« un profond accablement. Maintenant elle délirait, en proie à la fièvre. On avait envoyé chercher Herzenstube et les tantes. Celles-ci étaient déjà là. On attendait anxieusement, tandis qu’elle gisait sans connaissance. Pourvu que ce ne fût pas une fièvre chaude ! »

Ce disant, la bonne dame avait l’air sérieux et inquiet. « C’est sérieux, cette fois, sérieux », ajoutait-elle à chaque mot, comme si tout ce qui lui était arrivé jusqu’alors ne comptait pas. Aliocha l’écoutait avec chagrin ; il voulut lui raconter son aventure, mais elle l’interrompit dès les premiers mots ; elle n’avait pas le temps, et le priait de tenir compagnie à Lise en l’attendant.

« Mon cher Alexéi Fiodorovitch, lui chuchota-t-elle presque à l’oreille, Lise m’a surprise tantôt, mais aussi attendrie ; c’est pourquoi mon cœur lui pardonne tout. Figurez-vous qu’aussitôt après votre départ, elle a témoigné un sincère regret de s’être moquée de vous hier et aujourd’hui : ce n’étaient pourtant que de simples plaisanteries. Elle en pleurait presque, ce qui m’a fort surprise… Jamais auparavant, elle ne se repentait sérieusement de ses moqueries à mon égard, bien qu’il lui arrive à chaque instant de rire de moi. Mais maintenant, c’est sérieux, elle fait grand cas de votre