— D’après votre déposition, vous avez dépensé trois cents roubles chez Plotnikov ; donné dix roubles à Perkhotine, vingt au voiturier. Vous en avez perdu deux cents aux cartes, ensuite… »
Nicolas Parthénovitch refit le compte, aidé de Mitia. On y comprit jusqu’aux kopeks.
« Avec ces huit cents, vous deviez avoir, par conséquent, dans les quinze cents roubles.
— Tout juste.
— Tout le monde affirme que vous aviez beaucoup plus.
— Libre à eux.
— Vous aussi, d’ailleurs.
— Moi aussi.
— Nous vérifierons tout cela par les dépositions d’autres témoins. Soyez sans inquiétude au sujet de votre argent, il sera déposé en lieu sûr et mis à votre disposition… à l’issue de l’affaire… s’il est démontré que vous y avez droit. Maintenant… »
Nicolas Parthénovitch se leva et déclara à Mitia qu’il était « tenu et obligé » d’examiner minutieusement ses habits et le reste.
« Soit, messieurs, je retournerai mes poches, si vous voulez. »
Et il se mit en devoir de le faire.
« Il faut même ôter vos habits.
— Comment ? Me déshabiller ? Que diable ! Ne pouvez-vous pas me fouiller comme ça ?
— Impossible, Dmitri Fiodorovitch, il faut ôter vos habits.
— Comme vous voudrez, consentit Mitia d’un air morne, seulement pas ici, je vous en prie ; derrière le rideau. Qui procédera à l’examen ?
— Certainement, derrière le rideau », approuva d’un signe de tête Nicolas Parthénovitch, dont le petit visage respirait la gravité.
VI
Le Procureur confond Mitia
Il se passa alors une scène à laquelle Mitia ne s’attendait guère. Il n’aurait jamais supposé, dix minutes auparavant, qu’on oserait le traiter ainsi, lui, Mitia Karamazov. Surtout il se sentait humilié, en butte « à l’arrogance et au dédain ».