« Nastia, que tu es sotte ! dit-il enfin d’un ton calme, comment Catherine peut-elle avoir un enfant, puisqu’elle n’est pas mariée ? »
Nastia s’irrita.
« Tu ne comprends rien ; peut-être avait-elle un mari, mais on l’a mis en prison.
— Est-ce qu’elle a vraiment un mari en prison ? demanda le positif Kostia.
— Ou bien voilà, reprit impétueusement Nastia abandonnant sa première hypothèse ; elle n’a pas de mari, tu as raison, mais elle veut se marier, elle s’est mise à songer comment faire, elle y a songé et songé, si bien qu’elle a fini par avoir, au lieu d’un mari, un petit enfant.
— C’est possible, acquiesça Kostia, subjugué, mais comment pouvais-je le savoir, puisque tu ne m’en as jamais rien dit ?
— Eh bien, marmaille, proféra Kolia en s’avançant, vous êtes gent dangereuse, à ce que je vois !
— Carillon est avec vous ? dit en souriant Kostia qui se mit à faire claquer ses doigts et à l’appeler.
— Mioches, je suis dans l’embarras, commença Krassotkine d’un ton solennel, venez à mon aide ; Agathe a dû se casser la jambe, puisqu’elle ne revient pas, c’est sûr et certain ; j’ai à sortir, me laisserez-vous aller ? »
Les enfants se regardèrent soucieux, leurs visages souriants exprimèrent l’inquiétude. Ils ne comprenaient pas encore bien ce qu’on leur voulait.
« Vous ne ferez pas de bêtises en mon absence ? Vous ne grimperez pas sur l’armoire pour vous casser une jambe ? Vous ne pleurerez pas de frayeur, tout seuls ? »
L’angoisse apparut sur les petits visages.
« En revanche, je pourrais vous montrer quelque chose, un petit canon en cuivre qui se charge avec de la vraie poudre. »
Les petits visages s’éclairèrent.
« Montrez le canon », dit Kostia radieux.
Krassotkine tira de son sac un petit canon en bronze qu’il posa sur la table.
« Regarde, il est sur roues, dit-il en faisant rouler le jouet ; on peut le charger avec de la grenaille et tirer.
— Et il tue ?
— Il tue tout le monde, il suffit de le pointer. »
Krassotkine expliqua où il fallait mettre la poudre, la grenaille, indiqua une petite ouverture qui représentait la lumière, exposa qu’il y avait un recul. Les enfants écoutaient