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LES FRÈRES KARAMAZOV. 171

terrible Herzenschtube ! l'éternel, l'éternel, l'éternel Herzenschtube ! et enfin tout!... Et cette tragédie, là, dans le salon! je ne puis supporter cela; je vous le déclare d'avance, je ne le puis pas ' Et une comédie mêlée à une tragédie... ah!... Dites-moi, le starets Zossima ira-t-il jusqu'à demain? Dieu! que devenir? je ferme sans cesse les yeux et je me dis que tout n'est que sottise! sottise!

— Je vous prie, interrompit Alioscha, de me donner un linge pour panser ma main. Je me suis blessé, et cela me fait beaucoup souffrir.

Alioscha défit son bandage. Le mouchoir était plein de sang. Madame Khokhiakov poussa un cri et ferma les yeux.

— Dieu! quelle blessure! c'est horrible!

Liza, ayant aperçu à travers une fente le mouchoir ensanglanté, ouvrit brusquement la porte.

— Entrez! entrez ici! cria-t-elle impérieusement. Dieu! pourquoi restiez-vous là debout sans rien dire? Mais il aurait pu perdre tout son sang, maman ! Et com- ment vous êtes- vous blessé ainsi ? De l'eau ! de l'eau ! Il faut laver la blessure! mettez vos doigts dans l'eau froide... Vite! de l'eau, maman! Dans un bol! Mais plus vite donc! cria-t-elle avec un mouvement nerveux.

— Il faudrait peut-être envoyer chercher Herzenschtube, proposa madame Khokhiakov.

— Maman, vous me ferez mourir avec votre Herzen- schtube! Pour qu'il vienne dire : « Je n'y comprends rien, il faut attendre »? De l'eau î de l'eau ! maman, par Dieu! allez vous-même chercher Julie qui se cache je ne sais où et n'est jamais là quand on a besoin d'elle. Mais plus vite, maman, ou je meurs!...

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