Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/246

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correspondent à la grandeur de l’événement, mais encore expriment en trois mots, en trois phrases humaines, toute l’histoire de l’humanité future, — crois-tu que ce congrès de toutes les intelligences terrestres pourrait imaginer quoi que ce soit d’aussi haut, d’aussi fort que les trois questions de l’intelligent et puissant Esprit? Ces questions révèlent par elles seules que tu n’eus pas affaire, ce jour- là, à un esprit humain, contingent : c’était l’Esprit Éternel, Absolu. Toutes les histoires ultérieures de l’humanité étaient prédites et condensées dans ces trois mots ; ce sont les trois formes où se concrètent toutes les contradictions de l’histoire de notre espèce. Cela n’était pas encore évident, l’avenir était encore inconnu; mais quinze siècles se sont passés, et nous voyons bien que tout était prévu dans la TRIPLE QUESTION : c’est notre histoire. Décide donc toi-même : (jui avait raison ? Toi,ou celui qui t’interrogea ? Rappelle-toi... Voici la première question, — le sens, sinon le texte : « Tu veux te présenter au monde les mains vides , annonçant aux hommes une liberté que leur sottise et leur méchanceté naturelles ne leur permettent pas de comprendre, une liberté épouvantable , — car pour l’hounne et pour la société il n’y eut jamais rien d’aussi épouvantable que la liberté! mais vois ces pierres dans ce désert aride : change-les en pains, et tu verras l’humanité courir après toi comme un troupeau, reconnaissante, soumise, craignant seulement que ta main se retire et que les pains redeviennent pierres. > Mais toi, tu n’as pas voulu priver l’homme de la liberté, tu as repoussé la tentation : « Car que deviendrait l’humanité si l’obéissance était achetée avec des pains? » Tu as répondu que l’homme ne vit pas