Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/37

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inconvenant que je sois obligée de l’inviter à venir chez nous ! C’était à lui de se souvenir… Mais voilà, il fait son salut maintenant ! Pourquoi lui avez-vous fait endosser cette longue robe ? Il ne pourrait pas courir sans tomber…

Et tout à coup, ne pouvant plus se retenir, elle cacha son visage entre ses mains et se mit à rire d’un long rire nerveux.

Le starets l’écouta en souriant, et la bénit avec tendresse. Mais quand elle lui prit la main pour la baiser, elle porta brusquement cette main à ses yeux et éclata en sanglots.

— Ne soyez pas fâchée contre moi, je suis une sotte… Alioscha a peut-être raison, bien raison, de ne pas vouloir venir chez une sotte comme moi.

— Je vous l’enverrai sûrement, dit le starets.

V

Le starets était resté vingt-cinq minutes hors de sa cellule.

Il était déjà midi et demi, et Dmitri Fédorovitch, pour qui la réunion avait lieu, n’arrivait pas. Mais on l’avait presque oublié, et le starets, en rentrant, trouva ses hôtes très-animés par une discussion à propos d’une récente étude d’Ivan sur la question alors passionnante des tribunaux ecclésiastiques, travail qui avait été très remarqué. Le starets prit part à cette discussion, qui dura près d’une