Polonais est aussi tombé malade aujourd’hui. Je vais lui envoyer des gâteaux, exprès ! puisque Mitia me reproche de lui en avoir envoyé quand ce n’était pas vrai ! Tiens, voilà Fénia avec une lettre ! C’est cela, c’est de chez les Polonais ; ils demandent encore de l’argent !
En effet, le pane Moussialovitch, depuis quelque temps, écrivait à Grouschegnka de longues lettres accompagnées de billets à ordre signés de lui et du pane Vroublevsky, par lesquels billets ils s’engageaient à rendre à Grouschegnka les roubles qu’elle lui avait prêtés. Le pane Moussialovitch avait commencé par lui demander deux mille roubles, puis, après une série de lettres restées sans réponse, il avait fini par demander un seul rouble, dont le prêt serait garanti par la signature des deux Polonais. Grouschegnka finit par aller le voir, et, le trouvant dans une misère noire, lui donna dix roubles. Depuis, il ne cessait de la bombarder de lettres de demande.
— J’ai eu la sottise de conter cela à Mitia, continua Grouschegnka. Imagine-toi, lui dis-je, que mon Polonais s’est mis à me jouer sur sa guitare les anciennes chansons, pensant que je me laisserais attendrir. Alors Mitia s’est mis à m’injurier… Puisque c’est ainsi, je vais envoyer des gâteaux au pane. Fénia, donne à la petite fille qu’il a envoyée trois roubles et une dizaine de gâteaux ! Et toi, Alioscha, raconte cela à Mitia.
— Jamais ! dit Alioscha. Il sourit.
— Tu penses donc que cela lui ferait de la peine ? Va, il fait semblant d’être jaloux ; au fond, ça lui est bien égal, dit avec amertume Grouschegnka.