Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/174

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un silence. Mais comment aurais-je pu deviner qu’on mènerait l’affaire de cette façon ?

— Quelle affaire ? Ne ruse pas avec moil Comment as-tu pu prévoir que tu aurais une crise ? Tu m’as même annoncé qu’elle te prendrait à la cave.

— L’avez-vous déjà dit au juge ? demanda tranquillement Smerdiakov,

Ivan Fédorovitch se fâcha.

— Non, je ne l’ai pas encore dit, mais je ne manquerai pas de le dire. Tu as des explications à me donner, frère, et sache que je ne te permettrai pas de te jouer de moi, mon cher !

— Pourquoi me jouerais-je de vous ? C’est en vous seul que j’ai confiance, comme en Dieu, dit Smerdiakov sans se départir de son calme singulier.

— D’abord, je sais qu’on ne peut prévoir une crise d’épilepsie ; j’ai pris des renseignements, inutile de chercher à me tromper. Comment donc as-tu pu me prédire le jour, l’heure et le lieu ? Comment pouvais-tu savoir d’avance que tu aurais une crise et qu’elle te prendrait dans cette cave ?

— Mais j’allais plusieurs fois par jour à la cave, répondit avec lenteur Smerdiakov. C’est ainsi qu’il y a un an je suis tombé du grenier. Il est en effet impossible de prévoir le jour et l’heure d’une crise, mais on peut avoir des pressentiments.

— Le jour et l’heure ! tu m’as prédit le jour et l’heure !

— En ce qui concerne ma maladie, demandez des renseignements au médecin ; je n’ai plus rien à dire à ce propos.