Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/175

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— Mais la cave ! comment savais-tu d’avance que cela se produirait à la cave ?

— Ah ! vous en êtes encore à cette cave ? Eh bien, en descendant dans cette cave, j’avais peur, je me défiais… J’avais peur, parce que, vous parti, je n’avais plus personne pour me défendre. Et aussitôt que je fus entré dans cette cave, je me mis à penser : « Voilà que ça va venir… Tomberai-je ? vais-je tomber ? » C’est sans doute cette appréhension qui me donna des spasmes, et je suis tombé. Toute notre conversation de la veille, vous vous souvenez ? près de la porte cochère, et toutes les peurs que j’ai eues en cet instant, dans la cave, j’ai tout dit au médecin Herzenschtube et au juge d’instruction Nikolay Parfenovitch. Le docteur Varvinsky a précisément expliqué que c’était l’appréhension qui avait amené la crise et a consigné le tout dans ma déposition.

Smerdiakov, fatigué par l’effort qu’il venait de faire en parlant, respira péniblement.

— Alors tu as déjà fait toutes ces déclarations ? demanda Ivan Fédorovitch un peu surpris.

Il comptait, pour faire parler Smerdiakov, sur la peur qu’il devait avoir de cette révélation, et voilà qu’elle était déjà faite !

— Qu’ai-je à craindre ? Qu’ils sachent toute la vérité ? dit Smerdiakov à voix haute.

— Et tu as aussi raconté dans tous les détails notre conversation près de la porte cochère ?

— Non, pas dans tous les détails.

— As-tu dit aussi que tu sais feindre une crise, comme tu t’en es vanté avec moi ?