— Mais que voulez-vous de moi ? Pourquoi me torturez-vous ?
— Tu m’importes peu, que diable ? Réponds et je m’en vais aussitôt.
— Je n’ai rien à vous répondre.
— Je te forcerai bien à parler !
— Mais pourquoi cela vous inquiète-t-il tant ?
Il y avait maintenant plutôt du dégoût que du mépris dans la voix de Smerdiakov.
— C’est parce que c’est demain le jugement ? reprit-il. Eh bien ! rassurez-vous donc : vous ne risquez rien. Allez-vous-en chez vous sans inquiétude et dormez en paix.
— Je ne te comprends pas… Qu’ai-je donc à craindre demain ? fit Ivan étonné.
Tout à coup une peur glaciale l’envahit. Smerdiakov le toisa du regard.
— Vous ne comprenez pas ? Quel plaisir y a-t-il, pour un homme intelligent, à jouer une telle comédie ?
Ivan le regardait sans parler. Ce ton inattendu, hautain, de l’ancien laquais surprenait son ancien maître.
— Je vous dis que vous n’avez rien à craindre. Je ne déposerai pas contre vous, il n’y a pas de preuve. Voyez comme vos mains tremblent : pourquoi donc ? Allez-vous-en, ce n’est pas vous l’assassin.
Ivan tressaillit, il se souvint d’Alioscha.
— Je sais que ce n’est pas moi… murmura-t-il.
— Vous le sa-a-vez ?
Ivan frémit. Il saisit Smerdiakov par l’épaule.
— Parle donc, reptile ! dis tout !