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la fenêtre, mais beaucoup moins fort qu’il ne lui avait paru tout à l’heure, avec beaucoup de discrétion même.

— Ce n’est pas un rêve ! Non, je jure que ce n’était pas un rêve ! Tout cela vient d’arriver.

Ivan courut à la fenêtre.

— Alioscha ! je t’ai défendu de venir ! cria-t-il avec rage. En deux mots, que me veux-tu ? En deux mots, entends-tu ?

— Il y a une heure que Smerdiakov s’est pendu, répondit Alioscha.

— Monte, je vais t’ouvrir, dit Ivan. Et il alla ouvrir la porte.

VIII

Alioscha apprit à Ivan qu’une heure auparavant Maria Kondratievna était venue lui apprendre que Smerdiakov s’était tué. Elle l’avait trouvé pendu à un clou fiché dans le mur, et, avant d’aller faire sa déclaration aux autorités, elle était accourue tout droit chez Alioscha. Il s’était rendu avec elle dans le logis de Smerdiakov ; il était encore comme Maria Kondratievna l’avait vu. Sur la table on trouva un papier qui portait ces mots : « Je meurs par ma propre volonté ; qu’on n’accuse personne de ma mort. » Alioscha laissa ce billet sur la table et alla chez l’ispravnik :

— Et de là je suis venu chez toi, dit Alioscha en regardant fixement Ivan, dont le visage le surprenait.

— Frère, dit-il tout à coup, tu es probablement très-