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ce qui est arrivé en effet, car ce n’est pas lui qui a tué mon père 1 dit Alioscha d’une voix forte et qui résonna dans toute la salle.

Le procureur tressaillit comme un cheval de bataille au son de la trompette.

— Soyez sûr que je ne mets pas en doute votre sincérité ; je ne la crois pas compromise par votre partialité naturelle pour votre malheureux frère. Mais je ne vous cache pas que votre opinion est isolée ; elle est contraire à toutes les dépositions que l’instruction a reçues. Je persiste donc à vous demander sur quelles données est fondée votre conviction et de l’innocence de votre frère et de la culpabilité d’une autre personne que vous avez désignée au cours de l’instruction.

— Pendant l’instruction je n’ai répondu qu’aux questions qui m’ont été posées, répondit tranquillement Alioscha. Je n’ai pas commencé par accuser Smerdiakov.

— Pourtant vous l’avez désigné.

— Oui, d’après les affirmations de mon frère Dmitri. Je crois fermement à l’innocence de mon frère, et si ce n’est pas lui qui a tué, alors…

— C’est Smerdiakov. Mais pourquoi précisément lui ? et pourquoi êtes-vous si convaincu de l’innocence de votre frère ?

— Je ne puis pas douter de lui ; je sais qu’il ne peut me mentir, j’ai lu la vérité sur son visage.

— Seulement sur son visage ! Ce sont là toutes vos preuves ?

— Je n’en ai pas d’autres.

— Et vous n’avez pas d’autres preuves de la culpabilité