Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/84

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Kondratievna se rappela que, vers neuf heures, elle avait entendu un cri aigu. C’était précisément le « Parricide ! » de Grigori. Arrivés sur la place où était étendu Grigori, ils le transportèrent dans sa chambre. On alluma une bougie et l’on s’aperçut que Smerdiakov était toujours en proie à sa crise, les paupières révulsées et l’écume aux lèvres. Après avoir lavé la tête de Grigori avec de l’eau et du vinaigre, les deux femmes et le soldat se rendirent chez le barine et virent en passant que la porte de la maison était grande ouverte. Or, on savait que le barine s’enfermait toujours pour la nuit. Les deux femmes n’osèrent entrer et revinrent chez Grigori, qui leur ordonna d’aller prévenir l’ispravnik.

L’ispravnik prévint aussitôt les autres autorités judiciaires et tous se rendirent dans la maison du mort, où l’instruction commença sur place. Fédor Pavlovitch avait la tête fracassée : mais avec quel instrument ? Sans doute avec la même arme qui avait servi à assommer Grigori et qu’on retrouva dans une allée. Le médecin judiciaire donna les soins nécessaires à Grigori, qui raconta tout ce qui lui était arrivé. Dans la chambre de Fédor Pavlovitch on ne trouva aucun désordre ; sauf que derrière les rideaux de son lit, par terre, on ramassa une grande enveloppe avec l’inscription : « Trois mille roubles pour mon ange Grouschegnka, si elle veut venir. » Plus bas : « À mon petit poulet. » L’enveloppe était déchirée et vide. On trouva aussi par terre la faveur rose qui avait entouré l’enveloppe.

De son côté, Petre Iliitch, à qui Fénia n’avait pu rien apprendre, se rendit chez l’ispravnik. Là, il apprit l’évé-