Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

semble avoir eu l’honneur… l’honneur et le plaisir de vous rencontrer, Nikolay Parfenovitch, chez mon parent Mioussov… Messieurs, messieurs, je ne prétends pas à l’égalité entre nous, je comprends très-bien la situation ; il pèse sur moi, — puisque Grigori m’accuse, — il pèse sur moi une terrible inculpation, je le comprends très-bien. Mais au fait, messieurs, je suis prêt, finissons-en tout de suite, car je ne suis pas coupable et ce ne sera pas long à démontrer, n’est-ce pas ?

— Ainsi, nous noterons en attendant que vous niez radicalement votre culpabilité, dit le juge. Prenez note, dit-il au scribe.

— Prendre note ! prendre note de cela ? Soit, j’y consens, je donne mon plein consentement, messieurs… Seulement, voyez-vous ?… Attendez, écrivez ceci : il est coupable d’avoir fait du désordre, d’avoir donné à un pauvre vieillard des coups violents ; de cela, il est coupable… et aussi, en moi-même, dans ma pensée, je me sens coupable… mais cela il ne faut pas l’écrire, c’est particulier, cela ne vous regarde pas, c’est du for intime… Quant à l’assassinat de mon vieux père, je ne suis pas coupable de ce crime hideux ! Je vous le prouverai, je vous en convaincrai tout de suite. Vous rirez vous-même de votre méprise.

— Tranquillisez-vous, Dmitri Fédorovitch, dit le juge ; avant de continuer l’interrogatoire, je voudrais, si vous consentez à répondre, savoir de vous-même s’il est vrai que vous étiez, le défunt et vous, en mauvais termes, que vous ne l’aimiez pas et que vous aviez des querelles ensemble… Ici même, il y a un quart d’heure, vous avez