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Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 1.djvu/132

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Elle sourit.

— Imaginer n’est pas difficile, le tout est d’exécuter. Je n’entends presque rien à ces choses-là et ne suis pas fort intelligente ; je poursuis seulement ce qui est clair pour moi…

— Vous poursuivez ?

— Ce n’est probablement pas le mot ? questionna vivement la jeune fille.

— N’importe, ce mot-là est bon tout de même.

— Pendant que j’étais à l’étranger, je me suis figuré que je pouvais moi aussi rendre quelques services. J’ai de l’argent dont je ne sais que faire, pourquoi donc ne travaillerais-je pas comme les autres à l’œuvre commune ? L’idée que je viens de vous exposer s’est offerte tout à coup à mon esprit, je ne l’avais pas cherchée du tout et j’ai été enchanté de l’avoir, mais j’ai reconnu aussitôt que je ne pouvais me passer d’un collaborateur, attendu que moi-même je ne sais rien. Naturellement ce collaborateur sera aussi mon associé dans la publication de l’ouvrage. Nous y serons chacun pour moitié : vous vous chargerez du plan et du travail, moi je fournirai, outre l’idée première, les capitaux que nécessite l’entreprise. Le livre couvrira les frais !

— Il se vendra, si nous parvenons à trouver un bon plan.

— Je vous préviens que ce n’est pas pour moi une affaire de lucre, mais je désire beaucoup que l’ouvrage ait du succès, et je serai fière s’il fait de l’argent.

— Eh bien, mais quel sera mon rôle dans cette combinaison ?

— Je vous invite à être mon collaborateur… pour moitié. Vous trouverez le plan.

— Comment savez-vous si je suis capable de trouver un plan ?

— On m’a parlé de vous, et j’ai entendu dire ici… je sais que vous êtes fort intelligent… que vous vous occupez de _l’affaire_ et que vous pensez beaucoup. Pierre Stépanovitch Verkhovensky m’a parlé de vous en Suisse, ajouta