— Voulez-vous venir chez moi ? proposa Nicolas Vsévolodovitch.
— Non, je vais rentrer, adieu, dit Kiriloff.
Il descendit de cheval et mit sous son bras la boîte qui contenait ses pistolets.
— Du moins vous n’êtes pas fâché contre moi ? reprit Stavroguine qui tendit la main à l’ingénieur.
— Pas du tout ! répondit celui-ci en revenant sur ses pas pour serrer la main de son ami. — Si je porte facilement mon fardeau, c’est parce que ma nature s’y prête ; la vôtre vous rend peut-être votre charge plus pénible. Il n’y a pas à rougir de cela.
— Je sais que je n’ai pas de caractère, aussi je ne me donne pas pour un homme fort.
— Vous faites bien. Allez boire du thé.
Nicolas Vsévolodovitch rentra chez lui fort troublé.
IV
Fort contente d’apprendre que son fils s’était décidé à faire une promenade à cheval, Barbara Pétrovna avait elle-même donné l’ordre d’atteler, et elle était allée « comme autrefois respirer l’air pur » : telle fut la nouvelle qu’Alexis Égorovitch s’empressa de communiquer à son barine.
— Est-elle sortie seule ou avec Daria Pavlovna ? demanda aussitôt Nicolas Vsévolodovitch.
Sa mine se renfrogna lorsque le domestique répondit que Daria Pavlovna se sentant indisposée avait refusé d’accompagner la générale et se trouvait maintenant dans sa chambre.
— Écoute, vieux, commença Stavroguine, comme s’il eût pris une résolution subite, — tiens-toi aux aguets pendant toute cette journée et, si tu t’aperçois qu’elle se rend chez moi, empêche-la d’entrer ; dis-lui que d’ici à quelques jours je ne