Page:Dostoïevski - Souvenirs de la maison des morts.djvu/141

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— Bonjour !

— Bonjour !

— Je ne vous dérange pas ?

— Non.

— Je voulais vous demander quelque chose sur Napoléon. Je voulais vous demander s’il n’est pas parent de celui qui est venu chez nous en l’année douze,

Pétrof était fils de soldat et savait lire et écrire.

— Parfaitement.

— Et l’on dit qu’il est président ? quel président ? de quoi ? Ses questions étaient toujours rapides, saccadées, comme s’il voulait savoir le plus vite possible ce qu’il demandait.

Je lui expliquai comment et de quoi Napoléon était président, et j’ajoutai que peut-être il deviendrait empereur.

— Comment cela ?

Je le renseignai autant que cela m’était possible, Pétrof m’écouta avec attention ; il comprit parfaitement tout ce que je lui dis, et ajouta en inclinant l’oreille de mon côté :

— Hem !… Ah ! je voulais encore vous demander, Alexandre Pétrovitch, s’il y a vraiment des singes qui ont des mains aux pieds et qui sont aussi grands qu’un homme.

— Oui.

— Comment sont-ils ?

Je les lui décrivis et lui dis tout ce que je savais sur ce sujet.

— Et où vivent-ils ?

— Dans les pays chauds. On en trouve dans l’île Sumatra.

— Est-ce que c’est en Amérique ? On dit que là-bas, les gens marchent la tête en bas ?

— Mais non. Vous voulez parler des antipodes.

Je lui expliquai de mon mieux ce que c’était que l’Amérique et les antipodes. Il m’écouta aussi attentivement que si la question des antipodes l’eût fait seule accourir vers moi.

— Ah ! ah ! j’ai lu, l’année dernière, une histoire de la