et crie, crie. Les hurlements se font encore entendre de derrière les coulisses. Le rideau tombe. Tout le monde rit, est enchanté. L’orchestre attaque la fameuse danse kamarinskaïa . On commence tout doucement, pianissimo, mais peu à peu le motif se développe, se renforce, la mesure s’accélère, des claquements hardis retentissent sur la planchette des balalaïki. C’est la kamarinskaïa dans tout son emportement ! il aurait fallu que Glinka l’entendit jouer dans notre maison de force, La pantomime en musique commence. Pendant toute sa durée, on joue la kamarinskaïa. La scène représente l’intérieur d’une izba ; un meunier et sa femme sont assis, l’un raccommode, l’autre file du lin. Sirotkine joue le rôle de la femme, Nietsviétaef celui du meunier.
Nos décorations étaient très-pauvres. Dans cette pièce comme dans les précédentes, il fallait suppléer par l’imagination à ce qui manquait à la réalité. Au lieu d’une muraille au fond de la scène, ou voyait un tapis ou une couverture ; du côté droit, de mauvais paravents, tandis qu’à gauche, la scène qui n’était pas fermée laissait voir les lits de camp. Mais les spectateurs ne sont pas difficiles et consentent à imaginer tout ce qui manque ; cela leur est facile, tous les détenus sont de grands rêveurs. Du moment que l’on dit : c’est un jardin, eh bien, c’est un jardin ! une chambre, une izba — c’est parfait, il n’y a pas à faire des cérémonies ! Sirotkine était charmant en costume féminin. Le meunier achève son travail, prend son bonnet et son fouet, s’approche de sa femme et lui indique par signes que si pendant son absence elle a le malheur de recevoir quelqu’un, elle aura affaire à lui… et il lui montre son fouet. La femme écoute et secoue affirmativement la tête. Ce fouet lui est sans doute connu : la coquine en donne à