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Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/141

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Des larmes d’enthousiasme jaillirent des yeux d’Yaroslav Iliitch.

— Quel noble trait ! S’écria-t-il : ô sainte hospitalité de la terre de Russie !

Ordinov le regarda des pieds à la tête d’un air farouche.

— Parole ! Monsieur, – dit Mourine saisissant au vol le dernier mot d’Yaroslav Iliitch, – nous n’estimons rien tant que l’hospitalité ! Au fait, monsieur (ici Mourine couvrit entièrement sa barbe de sa manche), que je vous prie de rester encore un peu chez nous. Et pardi ! Vous resterez, – continua-t-il en s’approchant d’Ordinov, – vous resterez, cela m’irait assez ; vous resteriez un jour, deux jours, je ne dirais rien. Mais voilà, la patronne est malade !… Ah ! Si ce n’était pas la patronne ! Si par exemple j’étais seul ! Comme je vous aurais soigné ! C’est-à-dire, là, comme je vous aurais soigné ! Je vous aurais comblé d’honneurs, comblé ! Je sais bien un moyen… Par Dieu, vous resterez chez nous, je vous le jure par Dieu ! Voilà un grand mot !… Vous resteriez chez nous si…

— En effet, n’y aurait-il pas un moyen ?… observa Yaroslav Iliitch, et il n’acheva pas.