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Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/162

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va sans dire, des solliciteurs ! Mais il y avait aussi des dandies, que je détestais ; un entre autres, un officier. Il faisait avec son sabre un bruit insupportable et ne voulait jamais se soumettre à une observation. Nous eûmes, à propos de ce sabre, une guerre de dix-huit mois. C’est moi qui vainquis.

Mais savez-vous, messieurs, quel était le motif réel de ma méchanceté ? Eh bien, ma méchanceté consistait précisément ― et c’est bien ce qu’il peut y avoir de plus dégoûtant, ― en ceci que, même aux pires heures de ma vie, je m’avouais en rougissant que non-seulement je ne suis pas méchant, mais que je ne suis pas même aigri, et que c’est tout au plus si mes accès de rage pourraient faire peur aux moineaux. J’ai l’écume à la bouche ? Donnez-moi du thé sucré : me voilà calmé. Je m’attendris même, quitte à en faire une maladie, quitte à en avoir des mois d’insomnie, des mois de honte. Voilà comme je suis.

Et je mentais en disant que j’ai été un fonctionnaire méchant. Eh ! c’est par méchanceté que je mentais. En réalité je m’amusais avec les solliciteurs, avec cet officier principalement. Et vrai-