Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/221

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Je me tournai vers Zvierkov. J’étais si fatigué, si brisé, que je me décidai à m’enfuir. J’avais la fièvre, mes cheveux se collaient sur mes tempes.

― Zvierkov, je vous demande pardon ! dis-je, d’un air décidé. Ferfitchkine, à vous aussi, et à tous, car tous je vous ai offensés.

― Ah ! ah ! un duel, ce n’est pas chose agréable, siffla Ferfitchkine.

Je me sentis comme un coup de poignard au cœur.

― Non, Ferfitchkine, ce n’est pas le duel que je crains. Je suis prêt à me battre avec vous demain après nous être réconciliés. Je l’exige même, et vous ne pouvez vous y refuser. Vous tirerez le premier, et je tirerai en l’air.

― Il s’amuse, remarqua Simonov.

― Non, il a fait une gaffe, dit Troudolioubov.

― Mais laissez-nous passer ! que faites-vous là ? dit Zvierkov avec mépris.

Ils étaient tous rouges, leurs yeux étincelaient. Ils avaient bu sec !

― Je vous demande votre amitié, Zvierkov, je vous ai offensé, mais…

― Offensé ? vous, moi ? Sachez, monsieur, que