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Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/92

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— Le père est à la maison ?

— Oui.

— Et la mère ?

— Ma mère aussi.

— Alors, tais-toi, écoute : entends-tu ?

— J’entends.

— Quoi ?

— Siffler sous la fenêtre.

— Eh bien ! Belle fille, veux-tu faire tomber la tête d’un ennemi ? Appelle ton père et damne ton âme ! Je t’obéirai. Prends cette corde et lie-moi si le cœur t’en dit. C’est une occasion de te venger.

Je garde le silence.

— Parle donc !

— Que veux-tu ?

— Je veux me délivrer d’un ennemi, faire, comme je le dois, mes adieux à mon ancienne liouba, et à la nouvelle, à la jeune, à toi, belle fille, donner mon âme !

Je me mis à rire. Je ne puis m’expliquer comment j’avais pu comprendre son cynique langage.

— Laisse-moi donc, belle fille, entrer dans la maison, saluer les maîtres…