Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/142

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effort de volonté. Cela commençait d’un point quelconque, d’un petit trait à peine perceptible, et peu à peu cela prenait les proportions d’un grand tableau, et l’impression se fortifiait et se complétait. Et moi-même je m’y intéressais, ajoutant de nouveaux traits à des événements depuis longtemps accomplis, les corrigeant et les arrangeant sans cesse. C’était mon seul plaisir.

Cette fois-ci, ce fut un insignifiant incident de ma première enfance qui me revint à la mémoire, du temps lointain où j’avais neuf ans. Je croyais bien l’avoir oublié. Mais, à cette époque, c’étaient surtout les souvenirs de ma première enfance que j’aimais à me rappeler.

Notre village, un mois d’août. Un jour sec et clair, un peu froid ; du vent. L’été touchait à sa fin, et nous devions bientôt