Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/253

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comme enragé. Il partait de bonne heure, rentrait tard. Et durant tout ce temps, je ne l’entendis pas proférer un seul mot. C’était probablement par chagrin qu’il buvait. Peut-être voulait-il se faire mourir. Enfin, il cessa, ayant sans doute tout bu, et se remit à sa fenêtre. Il se tut encore pendant trois jours, puis je le vois pleurer. Ah ! si vous l’aviez vu pleurer, monsieur ! On aurait dit une fontaine ! Il est triste, monsieur, de voir pleurer un homme, surtout un vieillard.

— Quoi donc, Emelian ? lui dis-je.

Il se met à trembler. Je lui parlais pour la première fois depuis cette histoire.

— Dieu… Astafy Ivanovitch.

— Que Dieu soit avec toi, Emelian ! Faisons comme si elle était perdue. Pourquoi tant te désoler ?