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Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/55

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Et que ce fût un billet d’amour, on ne pouvait en douter. D’abord il était parfumé, et chacun sait que, dans tous les romans, les billets d’amour sont parfumés ; de plus, il était plié et replié en un format si petit, si traître, si coquet, qu’on eût pu aisément le cacher dans un gant de femme. Il avait dû tomber par hasard, n’étant probablement pas destiné à Ivan Andreïtch, et les choses s’étaient peut-être passées ainsi : on avait demandé le programme pour recevoir en même temps le billet, et quelque secousse inattendue de l’aide de camp (qui ne manqua pas de s’excuser très-subtilement de sa maladresse) avait fait échapper le billet de la petite main tremblante ; et vous vous imaginez assez combien fut étonnée la main tendue du jeune homme en civil, quand il reçut le programme tout seul, tout nu !