Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/111

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le coucher du soleil, le calme du soir, — tout cela, — je ne sais pas, — mais hier j’étais dans une disposition telle, que toutes les impressions m’affectaient péniblement, me faisaient souffrir ; mon cœur a fini par déborder, mon âme a eu besoin des larmes. Mais à quoi bon vous écrire tout cela ? Ce sont des choses qu’on s’explique déjà difficilement à soi-même et qu’il est plus difficile encore d’expliquer à autrui. Mais peut-être que vous me comprendrez tout de même. J’étais à la fois triste et gaie ! Que vous êtes bon, vraiment, Makar Alexéiévitch ! Hier, comme vous teniez vos yeux fixés sur les miens pour y lire ce que je sentais, et comme vous jouissiez de mon extase ! Qu’il s’agît d’un arbuste, d’une allée ou d’une pièce d’eau, — vous étiez là, debout devant moi, dans l’attitude d’un galant cavalier, et vous ne cessiez de me regarder dans les yeux ; on aurait dit que vous me faisiez les honneurs de vos domaines. Cela prouve que vous avez bon cœur, Makar Alexéiévitch. Pour cela déjà je vous aime. Allons, adieu. Aujourd’hui je suis encore malade ; hier j’ai eu les pieds mouillés, ce qui m’a occasionné un rhume ; Fédora est souffrante aussi, en sorte que pour le moment nous