Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/114

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leur allait pas ; voilà pourquoi ils sont tombés sur moi. D’abord on a commencé par dire : « Vous êtes ceci et cela, Makar Alexéiévitch » ; puis ç’a été : « C’est du Makar Alexéiévitch, faut pas le demander. » Et maintenant on dit : « Pour sûr, c’est Makar Alexéiévitch. » Voyez-vous, matotchka, comme cela s’est fait ; Makar Alexéiévitch est mis à toutes sauces ; grâce à eux, Makar Alexéiévitch est passé en proverbe dans toute notre division. Et non contents d’avoir fait de mon nom un proverbe, presque un terme d’injure, ils en sont venus à critiquer mes bottes, mon uniforme, mes cheveux, ma figure : rien n’est à leur goût, il faut tout changer ! Et tout cela se répète chaque jour depuis un temps immémorial ! Je m’y suis habitué, parce que je m’habitue à tout, parce que je suis un homme doux, parce que je suis un petit homme ; mais cependant pourquoi tout cela ? Quel mal ai-je fait à qui que ce soit ? Ai-je volé le tchin de quelqu’un ? Ai-je desservi un collègue auprès des chefs ? Me suis-je fait donner indûment une gratification ? Ai-je monté quelque cabale ? Mais ce serait péché de le supposer seulement une minute, matotchka ! Alors pourquoi tout cela ? Mais examinez seulement,