Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/254

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auprès de Son Excellence l’emploi d’attaché pour missions spéciales. Elle a placé dans une chancellerie le fils d’une veuve, et elle a fait encore beaucoup d’autres bonnes actions, Matotchka, j’ai cru de mon devoir d’apporter aussi mon obole, j’ai appris à tous ceux qui ont voulu l’entendre le procédé de Son Excellence ; je leur ai tout raconté sans rien cacher. J’ai foulé aux pieds le respect humain. Pourquoi être honteux en pareille circonstance, et qu’est-ce que l’amour-propre a à voir ici ? Non, il faut élever la voix pour glorifier les actions de Son Excellence ! J’ai parlé avec chaleur, avec enthousiasme ; loin de rougir, j’étais fier d’avoir à raconter une telle chose. Je n’ai rien omis (sur vous seulement, par prudence, je me suis tu, matotchka), mais j’ai parlé de ma logeuse, et de Faldoni, et de Ratazaïeff, et des bottes, et de Markoff, j’ai tout dit. Quelques-uns ont ri, oui, c’est vrai, j’avouerai même qu’ils ont tous ri. Mais c’est assurément parce qu’ils ont trouvé quelque chose de ridicule dans ma figure, ou au sujet des bottes, — justement au sujet des bottes. Quant à une arrière-pensée maligne, il est impossible qu’ils en aient eu aucune. Les jeunes gens ont le rire