Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/268

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le devoir d’un galant homme ne lui permettait pas de taire, il l’avait déjà dit ; quant au reste, il allait le faire connaître en peu de mots. Alors il me déclara qu’il recherchait ma main, qu’il se croyait tenu de me rendre l’honneur, qu’il était riche ; qu’après la noce il m’emmènerait à son village, dans une steppe où il voulait chasser le lièvre ; qu’il ne reviendrait plus jamais à Pétersbourg, parce que Pétersbourg était une ville dégoûtante ; qu’il avait ici à Pétersbourg, selon sa propre expression, un vaurien de neveu et qu’il s’était juré de ne lui rien laisser ; c’était surtout pour cela, c’est-à-dire dans l’intention d’avoir des héritiers légitimes, qu’il recherchait ma main, tel était le principal motif pour lequel il me demandait en mariage. Il ajouta que je vivais fort pauvrement ; que demeurant dans un pareil taudis, ce n’était pas étonnant que je fusse malade ; il me prédit une mort certaine si je restais encore ainsi ; il fit remarquer qu’à Pétersbourg les logements étaient infects, et, pour finir, me demanda si je n’avais besoin de rien. Sa proposition me causa un tel saisissement que, sans savoir moi-même pourquoi, je me mis à pleurer. Il attribua mes larmes à la reconnaissance