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8 avril.


Monsieur Makar Alexéiévitch  !


Savez-vous que décidément nous finirons par nous brouiller ensemble ? Je vous jure, bon Makar Alexéiévitch, qu’il m’est même pénible de recevoir vos cadeaux. Je sais ce qu’ils vous coûtent, je sais que, pour me les offrir, vous vous imposez les plus grands sacrifices, vous vous privez du nécessaire. Combien de fois vous ai-je dit que je n’ai besoin de rien, absolument de rien ; que je ne suis pas en mesure de reconnaître même les bienfaits dont vous m’avez comblée jusqu’à présent ! Et pourquoi m’envoyer ces pots ? Allons, passe encore pour la balsamine ; mais le géranium, pourquoi ? Il suffit qu’on lâche un petit mot sans y faire attention, comme, par exemple, au sujet de ce géranium, et tout de suite vous achetez ; cette plante a dû vous coûter cher, sans doute ? Que ses fleurs sont jolies ! Rouges et parsemées de petites croix. Où vous êtes-vous procuré un si beau géranium ? Je l’ai placé au milieu de la croisée, à l’endroit le plus apparent ; je poserai un esca-