Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/39

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mettrai de plaisanter sur votre âge et sur votre caractère. Tout cela vient de mon étourderie et surtout de ce que je m’ennuie atrocement ; or, quand on s’ennuie, de quoi n’est-on pas capable ? Mais je pensais que dans votre lettre vous-même aviez voulu rire. Je suis devenue fort triste quand j’ai vu que je vous avais fait de la peine. Non, mon bon ami et bienfaiteur, vous vous trompez si vous me soupçonnez d’insensibilité et d’ingratitude. Je sais apprécier dans mon cœur tout ce que vous avez fait pour moi en me protégeant contre les méchantes gens qui me persécutent et me haïssent. Je prierai éternellement pour vous, et, si ma prière arrive jusqu’à Dieu, si le ciel l’entend, vous serez heureux.

Je suis toute malade aujourd’hui. Je sens tour à tour une chaleur brûlante et un froid glacial. Fédora est fort inquiète à mon sujet. C’est bien à tort que vous n’osez pas venir chez nous, Makar Alexéiévitch. Qu’importent les autres ? Nous nous connaissons, cela suffit !… Adieu, Makar Alexéiévitch. Je ne sais plus que vous écrire ; d’ailleurs il me serait impossible de continuer : je suis très-souffrante. Je vous prie encore une fois de ne pas vous fâcher