Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/41

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naître en détail mon genre de vie et le milieu qui m’entoure. Je m’empresse avec joie de vous satisfaire, mon amie. Je commencerai par le commencement, matotchka : il y aura plus d’ordre. D’abord, l’entrée de notre maison est propre, les escaliers sont très-passables, surtout celui de parade, qui est propre, clair, large, tout en fer de fonte et en acajou. Par contre, pour ce qui est de l’escalier de service, ne m’en parlez pas : il est en spirale, humide, boueux ; les marches sont délabrées, et les murs si gras que la main s’y colle quand on s’y appuie. Sur chaque palier vous trouvez des coffres, des chaises et des armoires en mauvais état, des chiffons épars, des fenêtres aux carreaux cassés ; il y a là des cuvettes et toutes sortes de saletés : de la boue, des balayures, des écailles d’œufs, des entrailles de poisson ; l’odeur est infecte… en un mot, c’est dégoûtant.

Je vous ai déjà décrit la disposition des chambres ; il n’y a pas à dire, elle est commode, c’est la vérité ; malheureusement on étouffe dans ces pièces. Ce n’est pas qu’à proprement parler il y pue, mais on y sent, si je puis m’exprimer ainsi, une fade odeur de moisi. Tout d’abord l’impression est désagréable, mais ce